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L'homme qui voulait être aimé

L'homme qui voulait être aimé

Lors d’une invitation autour d’une omelette aux girolles, pendant nos vacances en Creuse, je rencontrais un drôle de zèbre.

Nous avions déjà un verre à la main quand il arriva et après les présentations d’usage, d’emblée nous demanda nos âges respectifs ! Un peu étonné le groupe répondit a sa question .

En réponse, il nous balança le sien et jugeant certainement que nous étions assez grands pour comprendre, nous annonça que sa femme avait pris un amant, indispensable à son épanouissement disait elle. Fort de cette nouvelle il avait pris armes, en l’occurrence son matériel photo et bagage , et s’était exilé en Creuse.

Cela faisait 10 minutes que nous le connaissions. Ce genre de réunion étant pour moi toujours source d’angoisse, là, au fond de moi je me marrais bien. C’était qui ce zigoto.

Surprenant début d’amitié.

A un âge ou il comptait profitait d’une retraite bien méritée, la vie lui jouait un nouveau tour fort déplaisant. Le regard malicieux derrière des luttes rondes à monture noire. Poivre et sel, le cheveu en bataille. Pull, jean et tennis complétaient son allure décontractée.Direct il se livrait sans la pudeur que nous mettons sur toutes nos relations.

Je l’écoutais, partager entre la stupeur et la curiosité que cette inconvenance attisait. Cela ne me déplaisait pas. On a plus l’habitude. Cela fait du bien.

Pas de mur, pas de porte, pas de bulle de sécurité. On avait directement accès à l’homme. Certains pourraient dire « grand-gueule » par ses propos sans demi-teintes, j’y voyais plus une vérité, sa vérité, sa sincérité.

L’alcool aidant il étala ses souvenirs d’enfance avec force, changeant sa voix, mimant les scènes.Il donnait, partageait. Nous écoutions tous, rions de bon cœur a ses drôleries qui étaient souvent tragiques, happé par cet homme qui nous faisait le show pour que nous l’aimions, là, tout de suite.

Ses récits déclenchaient en moi une forte résonance. La similitude de nos manques me touchait. Sa façon de s’en servir pour les transformer en force, et cela par le rire, me captivait.

Ainsi cela ne s’arrêterait donc jamais. Après une vie bien remplie, on voulait toujours être aimé et reconnu. Ce manque ne se comblerait jamais. Nous resterions toujours en quête de cet amour qui ne fut pas là au début de notre vie.

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